(KB SAP CONSULTING) – D’après le test prévisionnel de conjoncture de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), le financement de l’immobilier continue à pâtir des conséquences du non-remboursement des créances, des difficultés de recouvrement rapide par voie judiciaire, du taux d’endettement élevé de la clientèle et du changement de domiciliation bancaire des clients engagés. Force est de constater que malgré l’existence du Crédit Foncier du Cameroun (CFC) depuis 1977, la situation du financement de l’habitat ne s’en porte pas mieux.
Dans ce nouveau numéro, vous trouverez des détails sur l’accès au financement qui constitue un frein à l’essor du secteur immobilier.
L’économie camerounaise est la plus diversifiée de la zone CEMAC en raison de sa taille et de la croissance de la population. Comme la plupart des pays dans le monde, les villes camerounaises constituent des moteurs[1] importants de croissance économique. Le pays présente l’un des plus forts taux d’urbanisation en Afrique subsaharienne (58%[2], bien au-dessus de la moyenne 44%).
Cependant cette urbanisation ne s’accompagne pas du niveau souhaité de croissance économique par habitant ou des investissements dans la production des logements. Il en résulte un déficit de logements malgré les initiatives prises par les promoteurs immobiliers et les particuliers afin d’augmenter l’offre. L’accès au financement constitue un frein à l’essor de ce secteur.
Mécanismes de financement de l’immobilier au Cameroun
Au Cameroun, comme partout ailleurs, le mode classique de financement du logement est le crédit immobilier. Cependant, l’accès à ce service est limité et très sélectif. Moins de 5% de la population[3] a accès au financement immobilier du système bancaire privé, bien que l’on dénombre sur le territoire national environ 18 Banques, 412 Etablissements de Microfinance et 06 institutions quasi-bancaires.
En effet, les banques ne disposant pas suffisamment de ressources à long terme, se retrouvent dans l’incapacité de transformer les dépôts qu’elles reçoivent en crédit long terme indispensable au financement de l’immobilier. Par ailleurs, elles mettent en place des critères qui discriminent malheureusement une grande partie de la population, dont 12,4%[4] seulement sont bancarisés.
Le Crédit Foncier du Cameroun (CFC), seule banque publique spécialisée dans le financement de l’immobilier est un pilier du secteur. Il octroie des crédits hypothécaires qui se déploient sur une durée qui varie de 7 à 30 ans, à des taux qui varient entre 3,5% et 7%. Cependant, sa clientèle se recrute parmi les membres de la diaspora, les employés du secteur public et ceux du secteur privé formel, avec des procédures et des délais de traitement non adaptés à l’écosystème camerounais.
Figure 1 – Structure des prêts accordés par le CFC en 2016
Source : Rapport annuel du CFC, 2017
Pour autant, Depuis sa création en 1977 jusqu’en décembre 2018, le CFC a octroyé des crédits d’un montant de 420 milliards de FCFA[5] qui ont permis de construire 85 000 logements environ et d’aménager 16 342 parcelles constructibles. Cependant les fonds disponibles permettent de couvrir à peine environ 10% de la demande.
Il ressort des précédentes analyses que la proportion du crédit immobilier dans le PIB du Cameroun est faible contrairement aux autres pays en développement (Namibie 17%[6], Kenya 4%). Cette part tourne autour d’une moyenne de 1.5 % du PIB du Cameroun.
Figure 2 – Pourcentage du crédit hypothécaire dans le PIB
Source : FMI, Rapport n°18/256, 2018
A défaut d’avoir accès au système classique de financement, la majeure partie de la population fait recours aux moyens et financement alternatifs notamment l’épargne individuelle, les fonds en provenance de la diaspora, les tontines, etc. Ces dernières sont caractérisées par des taux d’intérêts annuels prohibitifs (entre 36% et 60% en moyenne) en raison de l’absence de règlementation. Le crowdfunding ou financement participatif est un mode de financement en cours d’expérimentation en Afrique subsaharienne, quoique réprimé par les contraintes de servitude monétaire masquées par une règlementation inadaptée aux réalités locales.
NOTES
[1] 28,30% des actifs occupés sont bancarisés. Les actifs occupés représentent 11 954 346 habitants. 28,30% des actifs occupés représentent 12,4% de la population
[2] CAHF 2021, Cameroon.
[3] Bilan du secteur du logement en Afrique subsaharienne, p.1. Banque mondiale 2015
[4] Données mondiales. Croissance de la population au Cameroun. Consulté le 10/11/2022
[5] https://ecomatin.net/le-credit-foncier-augmente-de-95-son-volume-de-credit-a-leconomie/. Consulté le 19/11/2022
[6] Bilan du secteur du logement en Afrique subsaharienne, p.71. Banque mondiale 2015
[7] Financement du logement au Cameroun. Banque Mondiale 2015, p.17
REFERENCES
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