(KB SAP CONSULTING) – Faisant face aux nombreuses crises qui affectent la région, l’économie camerounaise affiche tout de même une croissance annuelle moyenne de 4% depuis les années 1980. Si l’économie camerounaise est la plus importante et la plus diversifiée de la sous-région, elle reste toutefois dépendante de produits bruts même si les dernières années ont connu une augmentation des exportations de quelques produits transformés (notamment dérivés du cacao).
Dans ce nouveau numéro, trouvez plus de détails de l’analyse des évolutions récentes et des perspectives économiques du Cameroun.
Présentation générale
Le Cameroun est un pays de l’Afrique centrale qui abrite près de 28 millions d’habitants. Avec un taux d’urbanisation d’environ 58%, le pays partage ses frontières avec six (06) pays dont la RCA, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, le Nigéria et le Tchad. Le pays est richement doté des ressources naturelles et agricoles encore peu exploitées.
Stable depuis plusieurs décennies, le Cameroun est confronté depuis cinq (05) années aux attaques du groupe Boko Haram dans l’Extrême Nord et à un mouvement séparatiste dans la région anglophone du Nord-Ouest, causant des morts et des déplacés internes. Le pays plaide actuellement pour une fusion par absorption de la CEMAC et de la CEPGL1 dans l’optique d’obtenir une seule communauté économique régionale en Afrique centrale, plus forte et plus structurée.
Situation socio-politique
Le Cameroun est une jeune démocratie dont les institutions restent fragiles et les mécanismes de contre-pouvoirs non suffisamment implémentés. Les perspectives d’une succession apaisée dépendront de la capacité des dirigeants à appliquer les procédures prescrites par la Constitution. La décentralisation prévue dans la Constitution de 1996, est un processus encore lent. Son principal défi réside dans le transfert progressif du pouvoir et des ressources aux régions.
Le Cameroun compte en moyenne 9 millions de pauvres, dont 56% se concentrent dans les régions septentrionales. La part de la population ayant accès à l’électricité est de 90% dans les zones urbaines contre seulement 20% dans les zones rurales. La part des énergies renouvelables dans le mix électrique devrait atteindre 25% en 2035, contre 2% en 2019. Le taux d’accès de la population à l’eau potable était d’environ 62% en 2020, avec un objectif de 80% en 20252.
Figure 1 – Répartition des populations pauvres par régions
Source : ECAM 4, 2014
Figure 2 – Mix énergétique au Cameroun en 2019
Source : Rapports ENEO 2019
Développements économiques récents
Malgré une croissance moyenne de 4% sur la période 2010-2020, la croissance de l’économie camerounaise a connu une baisse en 2020 (0,5%) avant de remonter à 3,5% en 2021.
Figure 3 – Croissance du PIB sur la décennie 2010-2020 & prévision 2023
Source : Perspectives économiques du Cameroun, mars 2022
Cette performance a été portée principalement par les éléments suivants : l’activité non pétrolière (+3,7%), le regain d’activité dans le secteur primaire en 2021 (+4,6%), un accroissement des activités dans le secteur tertiaire (+3,6%), un accroissement de 6% de la valeur ajoutée dans le secteur financier, malgré le ralentissement de l’activité dans le secteur secondaire.
Quant aux dépenses d’investissement, elles ont crû de 8,7% après un recul de 5,4% en 2020. Les cours des matières premières alimentaires se sont accrus de 29,8% en moyenne par rapport à 2020 ; le taux de couverture des échanges commerciaux du Cameroun s’est nettement amélioré en 2021, pour se situer à 67,1% contre 56,7% en 2020 ; les termes des échanges se sont améliorés de 13,6% en glissement annuel après une détérioration de 17,8% en 2020.
Malgré cette embellie relative, le déficit des comptes courants s’est creusé pour atteindre 4,1 % du PIB en 2021, en lien avec la forte hausse des prix à l’importation. Les réserves de change ont légèrement diminué en 2021 pour atteindre 3,7 mois d’importations, le taux de chômage s’est établi à 6,1%, contre 3,84% en 2020.
Figure 4 – Taux de chômage en % de main d’œuvre totale
Source : Perspective monde : données banque mondiale, INS.
Par ailleurs, le taux d’endettement public est passé de 28,8% du PIB en 2015 à 46% en 2021, principalement due à la réalisation de projets d’infrastructures structurantes financées en grande partie par des prêts commerciaux et publics.
Figure 5 – Evolution de la dette publique en % du PIB
Sources : Rapports FMI, CAA, MINFI 2020.
Enfin, malgré, la mise en place depuis 2017 d’un faisceau de mesures visant à améliorer la gouvernance et la surveillance des entreprises publiques, celles-ci sont confrontées à des sérieuses difficultés structurelles à l’origine de leur faible rentabilité. Le cadre institutionnel de surveillance desdites entreprises est fragmenté entre de multiples intervenants, et la connaissance approximative du périmètre du portefeuille de l’Etat ainsi que certaines pratiques ne favorisent pas la transparence et accroissent les risques budgétaires.
Perspectives et risques à court terme
En 2022, la croissance pourrait atteindre 4,1% et 4,3% en 2023, en raison notamment de l’augmentation de la production de gaz, ainsi que de l’achèvement de grandes centrales hydroélectriques.
Avec la poursuite de la consolidation budgétaire engagée dans le cadre d’un programme économique et financier signé avec le FMI en juillet 2021, le déficit budgétaire devrait s’améliorer pour atteindre 1,9 % du PIB en 2022 et 1,3 % en 2023.
L’inflation devrait rester inférieure à 3 % au cours des deux (02) prochaines années, principalement en raison du train de mesures prises par l’Etat pour amortir la hausse et la volatilité des prix des produits alimentaires, des engrais et de l’énergie, de la poursuite du système de contrôle des prix et des concertations du Gouvernement avec les acteurs des filières de production et de commercialisation des principaux produits de consommation.
La balance courante devrait rester déficitaire en raison de la relative rigidité à la baisse des prix des importations. Les réserves de change devraient atteindre 3,9 mois d’importations en 2022 et 4,2 mois en 2023.
Enjeux de développement
Classé 144ème sur 180 pays dans l’indice de perception de la corruption 2021 établi par Transparency International, le Cameroun connaît des problèmes de gouvernance qui freinent son développement et le rendent moins attractif aux yeux des investisseurs.
Le pays occupe la 68ème place sur l’Indice mondial des risques climatiques 2021. Il est sujet aux inondations, à la déforestation, aux sécheresses récurrentes dans le nord et à une durée incertaine des saisons des pluies. Le changement climatique affecte fortement le secteur agricole, et plus particulièrement l’agro-industrie, qui représente près de 33 % de la production du secteur industriel. Par ailleurs, le taux d’urbanisation assez élevé accroît les défis à relever en termes d’urbanisation durable, de planification urbaine et de réduction de la pollution.
Pour devenir un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure d’ici 2035, comme il l’envisage dans son document prospectif Vision 2035, le Cameroun devra accroître sa productivité et donner à son secteur privé la pleine mesure de son potentiel. Pour ce faire, le secteur public devra se réinventer et entreprendre sa mutation : il faudra réduire les distorsions, régler la dette intérieure promouvoir l’innovation et accroître l’efficacité de l’allocation des facteurs de production. Enfin, il faudra des marchés plus concurrentiels pour favoriser des gains de productivité.
NOTES
REFERENCES
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